Neuromythes et Enseignement

cerveau3Depuis quelques années, les neurosciences s’attaquent à l’Education.

Les travaux de Steve Masson, ou d’autres comme Stanislas Dehaene, sont éclairants quant à la compréhension du fonctionnement de base du cerveau. En tant qu’enseignants, nous ne pouvons ignorer ces recherches et les adaptations qui en découlent dans notre enseignement !

Steve Masson était présent en Belgique (Mons, 21/9/2016, Evaluation des apprentissages scolaires : apports des neurosciences & de  la psychologie cognitive) lors de la Journée nationale de l’ADMEE (Diaporama de la conférence).

Steve Masson y a déconstruit quelques neuromythes bien ancrés chez les enseignants :

  1. Les élèves apprennent mieux lorsqu’ils reçoivent l’information dans leur style d’apprentissage préféré (ex : auditif, visuel ou kinesthésique) : à l’heure actuelle, bien que certains élèves puissent avoir, par exemple, des préférences visuelles, auditives ou kinesthésiques, aucune donnée scientifique crédible ne montre que d’adapter l’enseignement à cette préférence a un effet bénéfique sur les apprentissages des élèves.
  2. Des différences de dominance hémisphérique (cerveau gauche ou cerveau droit) peuvent aider à expliquer les différences observées parmi les apprenants :  aucune étude scientifique n’a démontré que d’adapter la pédagogie à la dominance hémisphérique des élèves pouvait être bénéfique pour l’apprentissage. La notion même de dominance hémisphérique est problématique. En effet, s’il est vrai que certaines fonctions ou habiletés cognitives peuvent être associées à un hémisphère cérébral plutôt qu’à un autre, des chercheurs ont récemment analysé les images cérébrales de 1011 personnes et sont arrivés à la conclusion que les données recueillies ne sont pas compatibles avec l’idée que certaines personnes auraient une dominance hémisphérique et montreraient une plus grande connectivité cérébrale dans l’un des deux hémisphères.
  3. De courtes séances d’exercices de coordination (Brain Gym) peuvent améliorer l’intégration des fonctions des hémisphères gauche et droit du cerveau :  bien qu’il soit clairement demontré que l’exercice et la forme physique ont un impact positif significatif sur les capacités cognitives des élèves et même sur le fonctionnement de leur cerveau, aucune étude ne démontre que de courts exercices de coordination réalisés sans un effort physique relativement soutenu mènent au « réveil» du cerveau.  Les fondements théoriques à la base du Brain Gym ont depuis longtemps été invalidés par la recherche.

On pourrait y ajouter le mythe du multi-tâches : faire plusieurs choses en même temps est impossible sauf si une tâche est automatisée (mémoire procédurale), peu efficace et engendre du stress.

Lors de la conférence, deux résultats de recherche m’ont particulièrement interpellé :

  1. Steve Masson et son équipe comparent les zones du cerveau activées lors de la lecture :
    • La première image compare les zones du cerveau activées chez des lecteurs plus ou moins compétents.
      cerveau1
    • La deuxième image compare les zones du cerveau activées chez deux groupes ayant appris à lire soit par la méthode graphophonémique (lettres, sons, syllabes), soit par la méthode globale (mémorisation de mots, de phrases).
      cerveau2
      Les zones du cerveau activées par les lecteurs compétents et ceux ayant appris par la méthode graphophonémique sont identiques !
  2. Une autre recherche en cours sur l’apprentissage des tables de multiplication compare de manière identique :
    • Les zones du cerveau activées  chez des personnes plus ou moins compétentes en arithmétique.
    • Les zones du cerveau activées chez des personnes ayant mémorisé les tables et d’autres ayant appris les tables par construction.
    • La conclusion provisoire (la recherche est en cours) : le cerveau des personnes les plus compétentes fonctionne comme celui des personnes ayant mémorisé les tables !

Source

Pour aller plus loin : Mieux connaître le cerveau… ? – Steve Masson

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